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Retrait de l’unifolié dans le Salon rouge : sommes-nous prisonniers des symboles?

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Vraiment, je ne croyais pas avoir à écrire sur la fausse controverse entourant le retrait, par le Parti québécois, du drapeau canadien dans le Salon rouge. Mais ce geste semble tellement avoir marqué certains fédéralistes et antipéquistes que je n’ai pas trop le choix. Parce que tout cela frise le ridicule et, s’il pouvait tuer, contrairement au célèbre adage, nous serions devant une hécatombe…

On le sait, c’est le Parti québécois, avec René Lévesque à sa tête, qui a introduit le drapeau du Québec, premièrement dans le Salon bleu, et ensuite dans le Salon rouge. Robert Bourassa, jaloux, et surtout fédéraliste, a fait installer l’unifolié dans le Salon rouge (mais pas dans le Salon bleu — la salle où siègent les députés). Et ainsi de suite, retraits, ajouts, selon les partis au pouvoir et selon leurs allégeances. Alors, on repassera pour ce qui est des accusations de mépris et des déchirages de chemise comme quoi c’est une honte, etc. Et même si tout cela vient d’un gouvernement élu minoritairement, les règles du jeu sont celles-là : il y a un gouvernement, il a le droit de prendre ce genre de décision. C’est ce qu’on appelle le pouvoir discrétionnaire.

Alors, quand je lis sous la plume de Joanne Marcotte que ce geste est irrespectueux des institutions, je pouffe de rire. Parce qu’en regard de l’historique des drapeaux à l’Assemblée nationale, décrite sommairement plus haut, ce même discours aurait pu être servi aux libéraux pour avoir ajouté le drapeau canadien alors que l’institution représentant l’État québécois n’affichait à la base que son propre drapeau, le fleurdelisé, ce qui est tout à fait logique, d’autant plus que le Québec n’a jamais signé la Constitution. Et devant cette non-signature, ce flou constitutionnel, il apparaît que le geste de Robert Bourassa était beaucoup plus lourd de sens. Les péquistes n’ont fait que ramener à la normale… (Cela dit avec beaucoup d’ironie.)

Mais je me demande s’il y a eu une crise de la sorte quand Jean Charest a ramené en 2003 l’unifolié dans le Salon rouge. Ça me surprendrait beaucoup. En tout cas, une recherche assez poussée sur mon moteur de recherche préféré ne m’a rien donné de concluant. Deux poids, deux mesures. Aussi, je reviens constamment à ce sentiment de perplexité devant les réactions exagérées des fédéralistes et autres statuquoïstes. C’était le cas durant la campagne électorale alors que le PQ n’avait pas tant le vent dans les voiles, et aujourd’hui encore alors qu’il est minoritaire. On nous ressort l’argumentaire de la péréquation et des deux référendums perdus dans le contexte où l’option souverainiste est loin d’être politiquement forte. Ils doivent savoir des choses que je ne sais pas.

Pour terminer, j’aimerais revenir à la question des institutions et y ajouter la notion de symbole. Si on en croit Joanne Marcotte, c’est l’ajout d’un symbole qui est important pour les institutions. Le retrait est abominable. Ça me fait beaucoup penser à ce locataire indélogeable qu’est le crucifix dans le Salon bleu. C’est très conservateur comme manière de voir les institutions. Et, pour dire vrai, ce n’est pas tellement propice aux changements et à l’évolution cet enfermement dans le passé.

Entre nous, je peux vous avouer que l’immuabilité me fait un peu suer, comme les drapeaux d’ailleurs. Et je reste poli.

 

(Photo : Paul Journet – via Twitter)


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